Le Cercle de la Donnée se propose de comparer les ambitions pour le numérique des candidats à l’élection présidentielle figurant dans le top huit des intentions de vote au premier tour (d’après le sondage IFOP du 7 mars 2022). Quatre candidats ont été tirés au sort pour l’analyse de cette semaine, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour. Les programmes des autres candidats seront abordés la semaine prochaine. Les propositions des candidats sur le numérique sont sommairement présentées ci-après par ordre décroissant d’importance du sujet dans leurs programmes.
Éric Zemmour consacre un chapitre entier à la souveraineté numérique. Celui-ci préconise l’émergence de solutions françaises souveraines pour le cloud et la cybersécurité, ainsi que l’investissement dans les technologies de rupture. Pour le candidat, la souveraineté numérique doit passer par l’hébergement des données en France et le soutien financier des champions nationaux par le biais de réductions fiscales et réglementations nouvelles sur l’actionnariat. Blockchain et Web3 sont également au programme. Le candidat souhaite également garantir l’accès au haut débit sécurisé pour tous, et établir l’enseignement de la programmation informatique dès le secondaire afin de répondre à l’offre d’emplois croissante dans le secteur.
Sans chapitre dédié à ce sujet, Jean-Luc Mélenchon consacre toutefois deux sections de son programme au numérique – sur une trentaine de points. Parmi ses propositions, le candidat souhaite garantir la neutralité du Net (accès égal de chacun et égalité de traitement), généraliser l’usage des logiciels libres dans les administrations publiques et l’Éducation nationale, passer sous contrôle public les infrastructures du numérique et des télécommunications, mais aussi garantir l’hébergement des données des services publics et des entreprises d’intérêt national sur des serveurs en France. Enfin, le candidat insoumis souhaite réduire l’impact du numérique (lutte contre l’obsolescence programmée, indexation de l’empreinte carbone pour le Web…) et garantir la couverture numérique de tout le pays en fibre d’ici 2025. La problématique de l‘illectronisme est également portée.
Yannick Jadot ne présente pas non plus de section dédiée au numérique, mais articule le sujet autour des « enjeux de demain ». Le candidat des Verts compte notamment réduire les déchets engendrés par le numérique et verser les recettes pour le financement d’infrastructures de recyclage. De manière générale, il souhaite qu’un budget carbone soit imposé au numérique. Le candidat souhaite garantir un accès au numérique à tous, à travers des dotations à tarifs sociaux et des filières de reconditionnement locales. Il compte également garantir la fibre sur tout le territoire. Concernant l’éducation, il entend donner aux enseignants les moyens de former les élèves à un usage raisonné de l’outil numérique. Enfin, Yannick Jadot veut taxer les géants du numérique par une régulation publique forte, et mais aussi renforcer les moyens de la CNIL.
Anne Hidalgo est moins loquace sur la question du numérique. La candidate du PS entend tout même réduire l’impact écologique du numérique, notamment en s’attaquant à la réduction des empreintes carbones des data centers et par le développement de filières de reconditionnement des équipements électroniques. Sur l’éducation, elle préconise l’apprentissage du numérique dès l’école primaire. Enfin, la candidate souhaite mettre les GAFAM au service de la transition écologique : définir une politique de labellisation exigeante afin d’éviter tout greenwashing. Anne Hidalgo souhaite également voir les géants du numérique se faire taxer sur les transactions financières ; contribution carbone aux frontières ou recours à une fraction de TVA afin d’alléger les contributions nationales.