POURQUOI L’AGORA 41 EST-ELLE DEVENUE PARTENAIRE DU CERCLE DE LA DONNEE ?
Partant du constat de Guillaume Poupard, directeur de l’ANSSI, selon lequel le « cyber » n’est plus seulement une affaire d’ingénieurs, mais touche désormais à la vie du citoyen, l’ANSSI a créé l’Agora 41 en octobre 2018, qui a pour mission de travailler sur des sujets périphériques à la cyber stricto sensu.
Il s’agit d’un club de réflexion et d’action, organisé autour de plusieurs groupes de travail (consacrés à des thématiques telles que « les talents », « les écosystèmes », « le rôle de l’Etat », « l’imaginaire de la cyber », « la régulation du cyber-espace » ou encore « le cyber-moi »).
Matthieu Bourgeois, par ailleurs membre fondateur et vice-président du Cercle de la Donnée, appartient au groupe « écosystème », au sein duquel la question de souveraineté était régulièrement évoquée. Ainsi nous est venue l’idée que l’Agora 41 s’associe avec le Cercle de la Donnée pour produire un ouvrage global qui poserait les principes des interactions entre données et souveraineté numérique.
De par leur approche pluridisciplinaire, de par le fait qu’elles sont composées de personnalités diverses, de profils complémentaires, et nourrissent une vraie volonté d’ouverture à la société civile, nos deux entités se ressemblent et se correspondent.
A ce titre, l’ouvrage qui sortira à l’issue de nos travaux sera original, étant donné qu’il contiendra des propositions concrètes et pragmatiques que nous comptons bien diffuser auprès de l’administration et des décideurs, afin que ces réflexions et ces principes d’action infusent et se diffusent dans le contexte politico-administratif. Nous sommes un « cercle d’action » et à ce titre, nous voulons avoir un effet ; notre objectif est bel et bien de servir et de faire bouger les lignes, et que nos réflexions débouchent sur de vraies décisions et implémentations.
EN QUOI LA SOUVERAINETE NUMERIQUE EST-ELLE UN ENJEU MAJEUR POUR LA FRANCE ET L’UNION EUROPEENNE ?
Le cyber prend aujourd’hui une telle place que sommes obligés de considérer une politique cyber européenne comme un élément constitutif de notre souveraineté Tout comme l’Union Européenne a imaginé une politique étrangère et une politique de défense et de sécurité commune, elle doit désormais parvenir à constituer un quatrième pôle face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie. Sans quoi, nous serons dépendants de l’un de ces pôles déjà constitués.
Le cyber pose de nombreuses problématiques, notamment industrielles ou encore de normes. Alors que, par exemple, la Chine vient d’édicter un arsenal normatif sur l’organisation de l’internet, qui va créer un internet chinois complètement fermé, la France et / ou l’Union Européenne doivent porter des normes au niveau international sur ce sujet.
Dans le même temps, nous devons prendre en compte les GAFAM dans les négociations relatives à la politique cyber. On peut faire un parallèle avec l’apparition des ONG au début des années 80, qui ont constitué de nouveaux acteurs dans la gestion des conflits, face auxquels il a fallu créer un nouveau droit, celui de l’ingérence humanitaire.
On le voit bien, les enjeux cyber ont aujourd’hui une portée géostratégique. C’est pourquoi, au-delà de la résolution des conflits cyber, nous devons réfléchir à un système de régulation de ces conflits à grande échelle. On peut également s’interroger sur le droit d’ingérence cyber et sur la question de savoir si le cyber, à l’instar de la force nucléaire, peut avoir un « caractère égalisateur » tel que théorisé par Raymond Aron.
Les sujets à aborder sont d’envergure et il est clair qu’il y a énormément d’efforts à faire pour que l’Union Européenne aille vers une souveraineté numérique. Pour autant, aujourd’hui, les oppositions sont telles entre les trois blocs établis que rien n’est joué et nous pouvons encore faire bouger les choses.
AU-DELA DE CES TRAVAUX SUR LA SOUVERAINETE NUMERIQUE, QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX DE L’AGORA 41 ET LE L’ANSSI EN 2021 ?
L’Agora 41 fête ses deux ans et, en parallèle de notre travail avec le Cercle, plusieurs réalisations sont en train de voir le jour. Elles ont toutes en commun de favoriser la démocratisation et la vulgarisation des sujets liés au cyber, afin de favoriser une prise en compte de ses enjeux par tous les publics. Nous voulons contribuer à faire prendre conscience que la cybersécurité est l’affaire de tous et ne doit pas être uniquement considéré comme un sujet technique, juridique, dangereux et inaccessible.
Un prix du « roman cyber Agora 41 » a été créé par le groupe « imaginaire », dont le jury sera présidé par Guillaume Poupard. 19 éditeurs participent à cette première édition dont le lauréat sera dévoilé en octobre ;
Le groupe « cybermoi » a créé un questionnaire de Proust adapté au cyber et à sa compréhension auquel un éventail de personnalités varié (professeurs, artistes, influenceurs…) va répondre, sous forme d’interviews filmées qui seront largement diffusées ;
Le groupe « talents » réfléchit avec le Medef à la notion de « responsabilité numérique des entreprises » et travaille avec le ministère de l’Education Nationale sur deux sujets : la notion de « cybercitoyenneté » et la féminisation des métiers du cyber.
Au niveau de l’ANSSI, les enjeux liés au numérique ne manquent pas, parmi lesquels :
– La préparation de la présidence française de l’Union Européenne, dont les trois piliers en matière de cyber sont la nouvelle version de la directive Sécurité des Réseaux d’Information (« SRI » ou « NIS » en anglais), le développement d’un principe de solidarité (qui conduirait à s’unir pour répondre ensemble à l’attaque d’un des membres de l’Union) et la mise en place d’une unité cyberconjointe ;
– Le déploiement du cybercampus à Nanterre, une initiative lancée par le président Macron et soutenue par l’Agence, avec pour objectif de regrouper dans un lieu unique les différents acteurs français de la cyber (chercheurs, start-ups, administrations…), afin de favoriser la communication et le développement des collaborations ;
– Le développement de la cybersécurité dans les territoires dans le cadre du plan de relance ;
– Le développement d’un vivier de recherche stratégique lié au cyber, avec notamment la mise en place d’une session « souveraineté numérique et cybersécurité » en collaboration avec l’IHEDN. L’idée étant d’avoir une approche stratégique, multidisciplinaire du cyber qui est encore trop souvent appréhendé en silos en France.
EN SAVOIR PLUS SUR l’AGORA 41
Compte tenu de l’impact et des conséquences – effectives ou prévisionnelles – de la transformation numérique sur nos sociétés, c’est tout un écosystème, composé d’acteurs de la sécurité numérique mais aussi issus de l’ensemble de la société civile, qui se transforme et s’organise. Pour accompagner cette nouvelle dynamique, et répondre aux enjeux partagés par tous, il convient désormais d’aller plus loin pour favoriser les conditions d’un dialogue renforcé entre l’agence et des représentants de la société civile et de nos institutions.
C’est pourquoi l’ANSSI, autorité nationale en matière de cybersécurité et de cyberdéfense, reconnue dans son écosystème pour son expertise et son expérience, a lancé l’Agora 41. Cet espace de réflexion réunit 41 personnalités (chercheurs, universitaires, dirigeants, cadres, étudiants, etc.), que les enjeux de transformation numérique interpellent et mobilisent.