Lors du choix d’une solution informatique, il est souvent plus simple et confortable pour les décideurs de se tourner vers un GAFAM plutôt que de parier sur un fournisseur de l’écosystème national ou européen. On serait pourtant en droit d’attendre de certains grands donneurs d’ordres qu’ils se comportent en véritables bâtisseurs du numérique en soutenant plus fortement le développement de produits et de services numériques français et européens. Il en va aussi de leur responsabilité sociétale et environnementale.
Dans le cadre de la proposition numéro 3 de notre étude sur la souveraineté numérique publiée en janvier 2022, nous suggérions de stimuler les investissements privés dans le numérique et nous soulignions l’importance de favoriser, par des mesures fiscales incitatives, la réimplantation d’infrastructures numériques d’entreprises françaises et européennes sur le territoire de l’Union européenne, tout en veillant à intégrer une dimension écologique. Au-delà de l’incitation fiscale, et il faut provoquer une petite révolution d’état d’esprit : encourager l’audace chez les donneurs d’ordres pour qu’ils n’aient plus peur de choisir des solutions souveraines, et développer une culture de l’effort et du sens du service chez les fournisseurs de ces solutions (afin de compenser le retard compétitif de l’Europe face aux fournisseurs étrangers et notamment américains), mais également pour que la demande et l’offre convergent vers un choix souverain. C’est très probablement dans le parcours scolaire et les écoles d’enseignement supérieur qu’il sera le plus propice de diffuser cette culture. Et il sera d’autant plus facile de le faire, si le numérique, dans toutes ses dimensions, y compris non techniques (économie du numérique, impacts sociétaux du numérique, etc.) est enseigné tout au long de la scolarité. Relevons que, à plus court terme, ces sujets ont déjà été pris en compte dans le cadre du plan France 2030 et du programme French tech. Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique fait un pas de plus en ajoutant un volet souveraineté numérique dans les critères du plan French tech 2030. Cela permettra ainsi aux startups pouvant favoriser la souveraineté numérique au travers des solutions qu’elles proposent, d’être mises en avant et d’obtenir plus facilement des financements et des subventions.
Le FIC 2023 a également apporté sa pierre à l’édifice en proposant le Prix de la Startup, qui a mis en avant 5 entreprises françaises pouvant répondre aux enjeux de souveraineté numérique, dans divers domaines (gestion des vulnérabilités, communication sécurisée, sécurité des IoT, protection des données et chiffrement, CTI et gestion de crise).